TOKI
(batterie) : C'est vrai que la mouvance hardcore est une des
bases de nos influences, mais la musique qu'on pratique n'est
pas exclusivement hardcore, on y retrouve des influences métal,
citées par Nico, et comme il l'a dit, on essaye de
ne pas se cantonner a du bourrin on aime bien écouter
du jazz de la funk et tous ce qu'on trouve musicalement intéressant.
Et
quels arguments utiliseriez vous pour convaincre les auditeurs
non-avertis de jeter une oreille à votre démo
?
NICO
: Des arguments ? Bah écoutes suffit d'être curieux...
Ce n'est ni du death, ni des envolées lyriques, ni
du " rapcore ", du moins on sait ce qu'on n'est
pas… Disons qu'on fait du métal quelque peu énervé.
Y'a de la double, le chant est en français ( pour les
réticents, je vous défie de me rapporter toutes
les paroles.), les guitares sont sans cesse saturées,
y'a des appels, des pêches etc. Et surtout la qualité
du son, la prod est loin d'être négligeable pour
une démo, disons qu'elle sonne pas mal.
Maintenant que les plus sceptiques sont convaincus, présentez
nous le groupe, racontez nous sa genèse et le chemin
parcourut jusqu'à aujourd'hui.
Il y a eut des changements de line-up récemment dans
le groupe si je ne m'abuse ?
NICO
: The A.R.R.S est formé de 5 musiciens, comme le veut
la coutume voici la présentation de ses membres :
TOKI : Batterie, Pierre, Paskual : Guitares, Erwan
: Basse, Nico : Micro
Notre histoire : Le nom est apparu fin 98, à la base
on retrouve Pierre, Erwan et moi.. On est passé par
plusieurs styles avant de se poser sur un métal plus
extrême (punk, néo, thrash), plusieurs batteurs
(la première année), le départ puis le
retour d'Erwan á la basse, plusieurs seconds guitaristes
jusqu'à l'arrivée, en Octobre 2001, de Paskual
( ex " twelve " de Montpellier).
C'est ici que notre musique a vraiment pris forme, on a viré
tout le set et on est repartit á zéro dans l'esprit
d'une musique plus radicale. Certes on a mis du temps avant
de pondre la démo, mais la motivation est de plus en
plus grandissante, on se veut de plus en plus bosseurs et
notre appétit de concerts ne cesse de croître.
On a eu la chance pour ce début de parcours de rencontrer
des groupes, des amis, qui par leurs motivations, leur professionnalisme,
leur engagement dans cette scène, nous on mis un sérieux
coup de pied au cul; j'aimerai les citer et les remercier
: Silk , Forest In Blood, Count To React et bien d'autres...
TOKI
: Ca va faire cinq années qu'on existe et c'est notre
vraie première démo. C'est le fruit de cinq
années de travail et de bons trips, on a commencé
la musique ensemble, on a appris a se connaître et a
évoluer ensemble. Donc je dirais que cette démo
est assez aboutie pour une première démo, et
comme le son est assez bon, ça ne gâche rien
!
Vous
venez de la région parisienne et êtes, de ce
fait, assimilés à la scène de cette ville.
Quels sont les aspects positifs et négatifs de cette
affiliation ?
NICO
: Assimilés à une scène, il parait. On
a pu lire ceci dans certaines chroniques... Pourquoi pas,
mais on est pas du genre à s'attarder sur cette question
d'ordre régional (comme la rivalité nord /sud).
Quelle est la réputation de Paris exactement ? Pour
certains c'est la capitale du néo-métal, pour
d'autres le berceau du tough-guy. Entre nous c'est de la merde,
on s'en bat les couilles, c'est pas avec des préjugés
que la scène métal (en général)
va avancer.
Tout ça pour dire que, appartenir à la région
parisienne ne nous permet pas plus de nous exporter dans le
reste de la France que les groupes Français voulant
jouer sur Paris. Certes on a eu la chance d'écumer
au possible notre région, mais c'est grâce à
la volonté d'associations ( Cactus, Hard Evolution,
Run Amok, Collateral Damage...) et de groupes se mouillant
dans l'organisation de concerts (on s 'y est déjà
risqué et ça coûte très cher...)
car jouer sur Paris coûte cher. Mais même avec
des petits budgets on découvre des groupes inconnus
des tabloïdes et qui valent vraiment la peine qu'on s'intéresse
à eux.
TOKI
: Je pense qu'en fait, on a une certaine chance d'être
sur Paris, dans le sens où un assez grand nombre de
concerts y sont organisés, et dans sa région
aussi. Ca permet à des groupes de tout niveau de pouvoir
s'exprimer., Mais apparemment c'est pas le cas partout, je
sais que dans le sud c'est pas facile de trouver des salles.
Pensez vous qu'il y ait une réelle différence/rivalité
entre la scène parisienne et le reste de la France
?
NICO
: Non, ce n'est pas parce que tu "appartiens" à
une ville que ça va changer ta vision de la musique.
Je ne pense pas non plus me tromper en te disant qu'au niveau
répartition, tu as autant de groupes dit néo,
death, black, gothic, tough-guy, etc. à Paris que sur
tout le territoire. Après, au sein même de "
La Scène ", y'a pas de Paris contre le reste du
monde.
Nous n'avons jamais senti d'animosité avec les différents
groupes que nous avons pu rencontrer, bien au contraire.
Le contact au sein même des groupes est très
cordial et communautaire. Tout le monde galère pour
trouver des plans, et les échanges sont les vrais moyens
qui nous permettent de voyager, de faire de nouvelles connaissances,
toutes plus enrichissantes les unes que les autres tant sur
le plan musical qu'humain. Encore merci à Downfall
et la Fibre Unitive, qui dernièrement nous a régalés
du coté de Colmar. Pour conclure cette question, seuls
les cons récoltent ce qu'ils méritent.
En
matière de métal, quels sont les groupe qui
ont retenu votre attention ces derniers temps ? Peu importe
la nationalité ou la provenance régionale.
TOKI
: Pour ma part, une de mes révélations à
été Caliban, un groupe allemand hardcore qui
déchire tout, y'a aussi leurs potes avec qui ils ont
fait leur split : Heaven Shall Burn qui retourne bien aussi
!! Sinon, j'ai connu cette année (un peu tardivement)
Poison The Well, Killswitch Engage, 18 Visions, Blood Has
Been Shed etc. qui m'ont bien mis sur le cul.
NICO
: Les groupes que Toki vient de citer sont vraiment des putain
de groupes. Pour ma part, en ce moment, disons que ce sont
pas mal les groupes français qui retiennent mon attention
: Count To React (bientôt l'album), Down For Life, Homestell,
Strikeback, Gojira, Diary Of My Hate, Fat Society et bien
d'autres… Là, je suis dans une période vraiment
plus jazzy.
Et
en dehors du metal ? Des influences, des coups de coeur ?
NICO
: En dehors du métal, mon kif c'est le jazz tsigane,
manouche. Si tu veux quelques pointures : Django, B.Lagréne
,S. Schmidt, Romane etc. De la bossa et du hip hop bien posé
aussi.
TOKI
: Moi, ce serait plus funk style Maceo Parker, Barry White
(note de Rano : R.I.P snif!), George Clinton etc. Sinon j'aime
bien aussi le jazz, un peu de rap de temps en temps mais pas
trop !!
Parlons
de 'Condition Humaine' sur le plan 'commercial' maintenant
:
- A combien d'exemplaires la démo
a-t-elle été éditée ?
- Quel a été l'accueil des critiques ?
- Et celui du public ?
- Le CD se vend-il bien ?
NICO
: on l'a tiré à 500 exemplaires + environ 200
CD's promos.
L'accueil des critiques est bonne pour ce premier jet et nous
motive d'autant plus.
Il n'est pour nous que le début de l'aventure, comme
le souligne la pochette, représentant une échographie
d'alien. On se trouve au stade embryonnaire de nos ambitions,
aux prémices de notre identité musicale.
Le public... eh bah on était fortement surpris de voir,
lors de notre dernier concert sur Paris, de nouvelles têtes
brailler les paroles.
Pour ce qui est de la distribution du skeud, elle s'est réalisée
principalement sur Paris. Par le biais des concerts, des distros,
de disquaires (Born Bad , Le Silence De La Rue etc.), de boutiques
(Ekirok, Le Goéland...) et récemment en VPC
sur le catalogue Overcome Distribution. Je tiens juste à
ajouter que le stock est bientôt épuisé....
Au
niveau artistique maintenant, êtes vous pleinement satisfaits
du résultat ? Sinon quels sont les points que vous
aimeriez améliorer avec le recul ?
NICO
: On a donc enregistré " condition humaine "
à Fontenay Sous Bois (94), aux studios Groovy en décembre
2002. Au nom du groupe, je tiens à remercier Andrew
de Hybreed Corp. (7th Nemesis, Strikeback...), qui nous à
fait le son du skeud. On a eu de très bon rapports
avec lui. Sur le plan du travail, il est très minutieux.
Faut dire qu'il s'est bien pris le crâne sur 4 jours
avec nous, il dirige vraiment bien les zikos.
Sur le plan de la rigueur, cette expérience a été
très bénéfique pour nous, on a voulu
faire un produit un minimum carré et on a fait le choix
d'enregistrer au clic…
TOKI
: Si on devait refaire quelque chose sur cette démo
ça serait la batterie ! On a enregistré sur
une batterie électronique avec des pads et tout le
toutim. Le résultat donne un son assez énorme,
mais le son de la caisse claire est, du coup, un peu synthétique.
Les avertis s'en rendront compte ! Mais le reste des instruments
est nickel, le rendu est bien lourd, meilleur qu'on l'espérait
avant d'enregistrer la démo.
Je
suppose que vous avez composé de nouveaux titres depuis,
comment évolue votre son ?
TOKI
: On a récemment enregistré deux titres avec
Andrew, celui la même qui a enregistré notre
démo. Changement : la batterie. Cette fois ci c'est
une batterie acoustique donc le son change.
NICO
: 2 titres ont donc été accouchés, on
réserve ceux-ci afin de les soumettre à des
compiles susceptibles de s'y intéresser. Le son y est
plus fin, assez tranchant , dans une autre veine que celui
de la démo. L'une, " Et La Douleur Est La Même
", est dans un style toujours métal hardcore,
partie speed, mosh-part, old school... L'autre, intitulée
" Juillet 2002 ", a plus la place d'une ballade
dans le set, avec sur le début des arpèges et
une voix claire... Sinon les autres en stock prennent une
direction plus brutale ; à suivre...
TOKI
: En ce qui concerne les compositions, il faut avouer que
ces derniers temps, comme on a pas mal tourné, on a
pas eut trop le temps de composer. Mais on a quand même
quelques nouvelles compos, qui sont quelque part plus abouties
que les précédentes et qui devraient figurer
dans le prochain skeud qu'on sortira .
Vous
êtes un groupe taillé pour la scène, j'en
ai eut la preuve. Que représentent pour vous les concerts,
préférez vous l'épreuve des 'planches'
à celle du studio ?
NICO
: La scène et le studio sont deux exercices vraiment
différents. Il n'y a pas d 'ambiguïté :
la scène, c'est la où on se sent le mieux ,
et ce depuis le début. Notre son, on le façonne
pour le live et on l'aime quand il est poussé à
l'extrême, quand nous ne formons plus qu'un, quand on
transpire à ne plus en pouvoir. De plus voir un tas
de gens tripper sur ton son, de quelque manière que
se soit, c'est intense. On a besoin de le partager , et de
faire suer les plus bagarreurs.
De plus, on a eu l'opportunité de jouer avec des groupes
qu'on sur-kiff (Nostromo, Inside Conflict, Forest In Blood…)
dans des lieux mythiques à nos yeux (Club Dunois, Boule
Noire, Magasin 4 (note de Rano : à Bruxelles ce dernier)
). Tout ce qu'on veut, c'est que l'aventure continue de plus
belle et parfois partager l'affiche avec des groupes de cet
acabit, et ceci dans le plus de lieux possibles (OK on va
taffer pour ça. ;-) ).
TOKI
: C'est clair que pour nous le trip , c'est les concerts !
Y'a rien de mieux !! Tu vas dans des villes que tu ne connais
pas avec des gens que tu ne connais pas, et ces gens la, écoutent
ta musique ! Mais l'enregistrement c'est une bonne expérience,
même si c'est évident que tu t'amuses beaucoup
plus sur scène, il faut être sérieux et
" carré ".
NICO
: Pour ce qui est du studio, c'est un exercice vraiment différent
, mais tout aussi important pour bien se rendre compte de
la mise en place des morceaux. Ce n'est qu'une fois enregistrées,
que l'on peut prendre le recul suffisant pour revoir certaines
parties, pour que le résultat final soit plus peaufiné.
On a pris l'habitude de composer de manière assez brute
; la compo une fois calée, on revient rarement sur
la structure. On a décidé de revenir sur ce
point.
Les
textes de Nico sont parfois assez mystiques, comme l'ambiance
générale du CD et ses passages en voix claire
et déclamée qui contrastent avec le reste. Ceci
est en adéquation avec sa personnalité, quelqu'un
de très calme et posé dans la vie et totalement
'hystérique' sur scène. Nico serait-il schizophrène
? Et plus sérieusement ne pensez vous-pas que cet aspect
assez mystique ( C.F le délire sur les aliens etc .
) serait un très bon concept à exploiter plus
profondément dans le futur ?
NICO
: The Alien's Right Respect Sect, niveau délire sur
les Aliens c'est pas trop ça. le nom se veut plus communautaire,
dans le sens où les aliens représentent l' inconnu,
ce qui nous est étranger. L' Histoire a démontré
á maintes reprises que l´Homme craint ce qu'il
ne connais pas, cette peur n'a créé que conflits
et souffrances à travers le monde. Et, une fois découvert,
au lieu de se cantonner à respecter chaque individu,
chaque peuple, son désir de dominer, de contrôler
a été plus fort ( asservir les plus faibles
à sa cause). En résumé " Alien's
Right " est l'équivalent des Droits de l'Homme.
Il n'y a pas de concept spécial autour de l'écriture
des paroles, même si elles ne tourneront sans doute
jamais autour de l'apéro au grand regret de Paskual
;-) .
En ce moment nous sommes 2 á écrire les textes
: Erwan, le bassiste, et moi même. Lui a un style assez
littéraire, plus sous forme d' histoire, j'adore interpréter
ses textes. Je les trouve très forts, souvent sombres
et torturés, ils collent parfaitement avec le style.
Mes textes ont plus un aspect dénonciateur propre au
métal, sur le constat, le bilan des erreurs humaines.
Je pense qu'il est nécessaire de s'appuyer sur le passé
pour de pas réitérer nos fautes. De plus il
me semble important de continuer à reprendre les thèmes
qui sont à la base du mouvement métal. Le style
s'y prête et je n'en suis pas encore au stade de brailler
ma joie. C'est dans la frustration que l'on se retrouve dans
le HxC, la volonté que les choses changent.
Cette
interview touche à sa fin, quels sont vos échéances
à court terme et quels sont les buts que vous souhaiteriez
atteindre avec le groupe ?
NICO
: A la rentrée on devrait aller faire un petit tour
chez nos amis Hollandais du groupe Daily Fire, suite à
un échange. Sinon on a quelques dates prévues
dans l'Est, les Yvelines, vers Le Mans (avec ces gens de ProXtest).
On recherche toujours des dates, alors n´hésitez
pas à nous contacter, si l'envie vous vient de nous
faire tourner on retient votre candidature. Bref à
court terme et long terme : Du live , du live et encore du
live.
TOKI
: Moi je trouve que les Rolling Stones sont un peu vieux,
j'aimerai bien les remplacer !!! En tout cas pour l'instant
on commence à travailler sur ce qui devrait être
un album, donc ça, c'est notre priorité en ce
moment.
Par principe nous finirons sur le nombre 13 (NDHamster
: Metalchroniques ?? Principes ??? Ah ?! Et quand on sera
27 à la rédac au lieu de 13 à ce jour,
feras tu subir 27 questions aux groupes ouarf ouarf...).
Avez-vous quelque chose à rajouter pour votre défense
et auriez vous souhaité que je vous pose une autre
question qui vous tiendrait à cour ? ( le cas échéant,
merci de donner la réponse avec :p )
TOKI
: Bah, à ceux qui nous connaissent pas, si on a éveillé
votre curiosité , lâchez-vous !! Sinon merci
à toi et aux gens qui nous supportent comme ils peuvent
et les assos qui nous ont fait tourner !!
NICO
: Merci Rano de nous avoir permis de nous exprimer, merci
à tous ceux qui continuent de faire vivre le métal.
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