Interview : The A.R.R.S. (par Rano)

Site de The A.R.R.S
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Line up :
Batterie :Toki / Guitares : Pierre & Paskual / Basse : Erwan / Micro : Nico

Chronique de
"Condition humaine"
(autoproduction)
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Rano : Votre musique comporte des éléments qui ne sont pas foncièrement métal et les lecteurs de Metalchroniques ne sont pas forcément familiarisés avec le style dans lequel vous évoluez. Comment décririez vous votre propre style (si vous souhaitez y mettre une étiquette)

NICO (voix) : Elevés à la sauce Sepultura, Slayer, Machine Head pour les gros d'outre-Atlantique, All Out War, 25 Ta Life, Madball, Kickback pour les hardcore'heroes, ainsi que la scène belge prédominante dans le brutal HxC (Vitality, DV8, Arkangel…)
On aime le métal et tout se qui s'en rapproche. Mais disons que notre écoute, depuis quelques années est à la hargne, à la brutalité loin de ce métal dit 'néo'.
On recherche l'énergie dégagée par ce style, on ne veut pas de chanson mais de l'action. Pour ma part et la plupart des autres membres du groupe, si on veut se poser, nos goûts se porteront sur du jazz. Nous considérons le métal, que se soit celui que l'on aime ou celui que l'on joue, comme un exutoire.

TOKI (batterie) : C'est vrai que la mouvance hardcore est une des bases de nos influences, mais la musique qu'on pratique n'est pas exclusivement hardcore, on y retrouve des influences métal, citées par Nico, et comme il l'a dit, on essaye de ne pas se cantonner a du bourrin on aime bien écouter du jazz de la funk et tous ce qu'on trouve musicalement intéressant.

Et quels arguments utiliseriez vous pour convaincre les auditeurs non-avertis de jeter une oreille à votre démo ?
NICO : Des arguments ? Bah écoutes suffit d'être curieux... Ce n'est ni du death, ni des envolées lyriques, ni du " rapcore ", du moins on sait ce qu'on n'est pas… Disons qu'on fait du métal quelque peu énervé. Y'a de la double, le chant est en français ( pour les réticents, je vous défie de me rapporter toutes les paroles.), les guitares sont sans cesse saturées, y'a des appels, des pêches etc. Et surtout la qualité du son, la prod est loin d'être négligeable pour une démo, disons qu'elle sonne pas mal.

Maintenant que les plus sceptiques sont convaincus, présentez nous le groupe, racontez nous sa genèse et le chemin parcourut jusqu'à aujourd'hui.
Il y a eut des changements de line-up récemment dans le groupe si je ne m'abuse ?
NICO : The A.R.R.S est formé de 5 musiciens, comme le veut la coutume voici la présentation de ses membres :
TOKI : Batterie, Pierre, Paskual : Guitares, Erwan : Basse, Nico : Micro
Notre histoire : Le nom est apparu fin 98, à la base on retrouve Pierre, Erwan et moi.. On est passé par plusieurs styles avant de se poser sur un métal plus extrême (punk, néo, thrash), plusieurs batteurs (la première année), le départ puis le retour d'Erwan á la basse, plusieurs seconds guitaristes jusqu'à l'arrivée, en Octobre 2001, de Paskual ( ex " twelve " de Montpellier).
C'est ici que notre musique a vraiment pris forme, on a viré tout le set et on est repartit á zéro dans l'esprit d'une musique plus radicale. Certes on a mis du temps avant de pondre la démo, mais la motivation est de plus en plus grandissante, on se veut de plus en plus bosseurs et notre appétit de concerts ne cesse de croître.
On a eu la chance pour ce début de parcours de rencontrer des groupes, des amis, qui par leurs motivations, leur professionnalisme, leur engagement dans cette scène, nous on mis un sérieux coup de pied au cul; j'aimerai les citer et les remercier : Silk , Forest In Blood, Count To React et bien d'autres...

TOKI : Ca va faire cinq années qu'on existe et c'est notre vraie première démo. C'est le fruit de cinq années de travail et de bons trips, on a commencé la musique ensemble, on a appris a se connaître et a évoluer ensemble. Donc je dirais que cette démo est assez aboutie pour une première démo, et comme le son est assez bon, ça ne gâche rien !

Vous venez de la région parisienne et êtes, de ce fait, assimilés à la scène de cette ville. Quels sont les aspects positifs et négatifs de cette affiliation ?
NICO : Assimilés à une scène, il parait. On a pu lire ceci dans certaines chroniques... Pourquoi pas, mais on est pas du genre à s'attarder sur cette question d'ordre régional (comme la rivalité nord /sud).
Quelle est la réputation de Paris exactement ? Pour certains c'est la capitale du néo-métal, pour d'autres le berceau du tough-guy. Entre nous c'est de la merde, on s'en bat les couilles, c'est pas avec des préjugés que la scène métal (en général) va avancer.
Tout ça pour dire que, appartenir à la région parisienne ne nous permet pas plus de nous exporter dans le reste de la France que les groupes Français voulant jouer sur Paris. Certes on a eu la chance d'écumer au possible notre région, mais c'est grâce à la volonté d'associations ( Cactus, Hard Evolution, Run Amok, Collateral Damage...) et de groupes se mouillant dans l'organisation de concerts (on s 'y est déjà risqué et ça coûte très cher...) car jouer sur Paris coûte cher. Mais même avec des petits budgets on découvre des groupes inconnus des tabloïdes et qui valent vraiment la peine qu'on s'intéresse à eux.

TOKI : Je pense qu'en fait, on a une certaine chance d'être sur Paris, dans le sens où un assez grand nombre de concerts y sont organisés, et dans sa région aussi. Ca permet à des groupes de tout niveau de pouvoir s'exprimer., Mais apparemment c'est pas le cas partout, je sais que dans le sud c'est pas facile de trouver des salles.

Pensez vous qu'il y ait une réelle différence/rivalité entre la scène parisienne et le reste de la France ?
NICO : Non, ce n'est pas parce que tu "appartiens" à une ville que ça va changer ta vision de la musique. Je ne pense pas non plus me tromper en te disant qu'au niveau répartition, tu as autant de groupes dit néo, death, black, gothic, tough-guy, etc. à Paris que sur tout le territoire. Après, au sein même de " La Scène ", y'a pas de Paris contre le reste du monde.
Nous n'avons jamais senti d'animosité avec les différents groupes que nous avons pu rencontrer, bien au contraire.
Le contact au sein même des groupes est très cordial et communautaire. Tout le monde galère pour trouver des plans, et les échanges sont les vrais moyens qui nous permettent de voyager, de faire de nouvelles connaissances, toutes plus enrichissantes les unes que les autres tant sur le plan musical qu'humain. Encore merci à Downfall et la Fibre Unitive, qui dernièrement nous a régalés du coté de Colmar. Pour conclure cette question, seuls les cons récoltent ce qu'ils méritent.

En matière de métal, quels sont les groupe qui ont retenu votre attention ces derniers temps ? Peu importe la nationalité ou la provenance régionale.
TOKI : Pour ma part, une de mes révélations à été Caliban, un groupe allemand hardcore qui déchire tout, y'a aussi leurs potes avec qui ils ont fait leur split : Heaven Shall Burn qui retourne bien aussi !! Sinon, j'ai connu cette année (un peu tardivement) Poison The Well, Killswitch Engage, 18 Visions, Blood Has Been Shed etc. qui m'ont bien mis sur le cul.

NICO : Les groupes que Toki vient de citer sont vraiment des putain de groupes. Pour ma part, en ce moment, disons que ce sont pas mal les groupes français qui retiennent mon attention : Count To React (bientôt l'album), Down For Life, Homestell, Strikeback, Gojira, Diary Of My Hate, Fat Society et bien d'autres… Là, je suis dans une période vraiment plus jazzy.

Et en dehors du metal ? Des influences, des coups de coeur ?
NICO : En dehors du métal, mon kif c'est le jazz tsigane, manouche. Si tu veux quelques pointures : Django, B.Lagréne ,S. Schmidt, Romane etc. De la bossa et du hip hop bien posé aussi.
TOKI : Moi, ce serait plus funk style Maceo Parker, Barry White (note de Rano : R.I.P snif!), George Clinton etc. Sinon j'aime bien aussi le jazz, un peu de rap de temps en temps mais pas trop !!

Parlons de 'Condition Humaine' sur le plan 'commercial' maintenant :
- A combien d'exemplaires la démo a-t-elle été éditée ?
- Quel a été l'accueil des critiques ?
- Et celui du public ?
- Le CD se vend-il bien ?
NICO : on l'a tiré à 500 exemplaires + environ 200 CD's promos.
L'accueil des critiques est bonne pour ce premier jet et nous motive d'autant plus.
Il n'est pour nous que le début de l'aventure, comme le souligne la pochette, représentant une échographie d'alien. On se trouve au stade embryonnaire de nos ambitions, aux prémices de notre identité musicale.
Le public... eh bah on était fortement surpris de voir, lors de notre dernier concert sur Paris, de nouvelles têtes brailler les paroles.
Pour ce qui est de la distribution du skeud, elle s'est réalisée principalement sur Paris. Par le biais des concerts, des distros, de disquaires (Born Bad , Le Silence De La Rue etc.), de boutiques (Ekirok, Le Goéland...) et récemment en VPC sur le catalogue Overcome Distribution. Je tiens juste à ajouter que le stock est bientôt épuisé....

Au niveau artistique maintenant, êtes vous pleinement satisfaits du résultat ? Sinon quels sont les points que vous aimeriez améliorer avec le recul ?
NICO : On a donc enregistré " condition humaine " à Fontenay Sous Bois (94), aux studios Groovy en décembre 2002. Au nom du groupe, je tiens à remercier Andrew de Hybreed Corp. (7th Nemesis, Strikeback...), qui nous à fait le son du skeud. On a eu de très bon rapports avec lui. Sur le plan du travail, il est très minutieux. Faut dire qu'il s'est bien pris le crâne sur 4 jours avec nous, il dirige vraiment bien les zikos.
Sur le plan de la rigueur, cette expérience a été très bénéfique pour nous, on a voulu faire un produit un minimum carré et on a fait le choix d'enregistrer au clic…

TOKI : Si on devait refaire quelque chose sur cette démo ça serait la batterie ! On a enregistré sur une batterie électronique avec des pads et tout le toutim. Le résultat donne un son assez énorme, mais le son de la caisse claire est, du coup, un peu synthétique. Les avertis s'en rendront compte ! Mais le reste des instruments est nickel, le rendu est bien lourd, meilleur qu'on l'espérait avant d'enregistrer la démo.

Je suppose que vous avez composé de nouveaux titres depuis, comment évolue votre son ?
TOKI : On a récemment enregistré deux titres avec Andrew, celui la même qui a enregistré notre démo. Changement : la batterie. Cette fois ci c'est une batterie acoustique donc le son change.

NICO : 2 titres ont donc été accouchés, on réserve ceux-ci afin de les soumettre à des compiles susceptibles de s'y intéresser. Le son y est plus fin, assez tranchant , dans une autre veine que celui de la démo. L'une, " Et La Douleur Est La Même ", est dans un style toujours métal hardcore, partie speed, mosh-part, old school... L'autre, intitulée " Juillet 2002 ", a plus la place d'une ballade dans le set, avec sur le début des arpèges et une voix claire... Sinon les autres en stock prennent une direction plus brutale ; à suivre...

TOKI : En ce qui concerne les compositions, il faut avouer que ces derniers temps, comme on a pas mal tourné, on a pas eut trop le temps de composer. Mais on a quand même quelques nouvelles compos, qui sont quelque part plus abouties que les précédentes et qui devraient figurer dans le prochain skeud qu'on sortira .

Vous êtes un groupe taillé pour la scène, j'en ai eut la preuve. Que représentent pour vous les concerts, préférez vous l'épreuve des 'planches' à celle du studio ?
NICO : La scène et le studio sont deux exercices vraiment différents. Il n'y a pas d 'ambiguïté : la scène, c'est la où on se sent le mieux , et ce depuis le début. Notre son, on le façonne pour le live et on l'aime quand il est poussé à l'extrême, quand nous ne formons plus qu'un, quand on transpire à ne plus en pouvoir. De plus voir un tas de gens tripper sur ton son, de quelque manière que se soit, c'est intense. On a besoin de le partager , et de faire suer les plus bagarreurs.
De plus, on a eu l'opportunité de jouer avec des groupes qu'on sur-kiff (Nostromo, Inside Conflict, Forest In Blood…) dans des lieux mythiques à nos yeux (Club Dunois, Boule Noire, Magasin 4 (note de Rano : à Bruxelles ce dernier) ). Tout ce qu'on veut, c'est que l'aventure continue de plus belle et parfois partager l'affiche avec des groupes de cet acabit, et ceci dans le plus de lieux possibles (OK on va taffer pour ça. ;-) ).

TOKI : C'est clair que pour nous le trip , c'est les concerts ! Y'a rien de mieux !! Tu vas dans des villes que tu ne connais pas avec des gens que tu ne connais pas, et ces gens la, écoutent ta musique ! Mais l'enregistrement c'est une bonne expérience, même si c'est évident que tu t'amuses beaucoup plus sur scène, il faut être sérieux et " carré ".

NICO : Pour ce qui est du studio, c'est un exercice vraiment différent , mais tout aussi important pour bien se rendre compte de la mise en place des morceaux. Ce n'est qu'une fois enregistrées, que l'on peut prendre le recul suffisant pour revoir certaines parties, pour que le résultat final soit plus peaufiné. On a pris l'habitude de composer de manière assez brute ; la compo une fois calée, on revient rarement sur la structure. On a décidé de revenir sur ce point.

Les textes de Nico sont parfois assez mystiques, comme l'ambiance générale du CD et ses passages en voix claire et déclamée qui contrastent avec le reste. Ceci est en adéquation avec sa personnalité, quelqu'un de très calme et posé dans la vie et totalement 'hystérique' sur scène. Nico serait-il schizophrène ? Et plus sérieusement ne pensez vous-pas que cet aspect assez mystique ( C.F le délire sur les aliens etc . ) serait un très bon concept à exploiter plus profondément dans le futur ?
NICO : The Alien's Right Respect Sect, niveau délire sur les Aliens c'est pas trop ça. le nom se veut plus communautaire, dans le sens où les aliens représentent l' inconnu, ce qui nous est étranger. L' Histoire a démontré á maintes reprises que l´Homme craint ce qu'il ne connais pas, cette peur n'a créé que conflits et souffrances à travers le monde. Et, une fois découvert, au lieu de se cantonner à respecter chaque individu, chaque peuple, son désir de dominer, de contrôler a été plus fort ( asservir les plus faibles à sa cause). En résumé " Alien's Right " est l'équivalent des Droits de l'Homme.
Il n'y a pas de concept spécial autour de l'écriture des paroles, même si elles ne tourneront sans doute jamais autour de l'apéro au grand regret de Paskual ;-) .
En ce moment nous sommes 2 á écrire les textes : Erwan, le bassiste, et moi même. Lui a un style assez littéraire, plus sous forme d' histoire, j'adore interpréter ses textes. Je les trouve très forts, souvent sombres et torturés, ils collent parfaitement avec le style. Mes textes ont plus un aspect dénonciateur propre au métal, sur le constat, le bilan des erreurs humaines. Je pense qu'il est nécessaire de s'appuyer sur le passé pour de pas réitérer nos fautes. De plus il me semble important de continuer à reprendre les thèmes qui sont à la base du mouvement métal. Le style s'y prête et je n'en suis pas encore au stade de brailler ma joie. C'est dans la frustration que l'on se retrouve dans le HxC, la volonté que les choses changent.

Cette interview touche à sa fin, quels sont vos échéances à court terme et quels sont les buts que vous souhaiteriez atteindre avec le groupe ?
NICO : A la rentrée on devrait aller faire un petit tour chez nos amis Hollandais du groupe Daily Fire, suite à un échange. Sinon on a quelques dates prévues dans l'Est, les Yvelines, vers Le Mans (avec ces gens de ProXtest). On recherche toujours des dates, alors n´hésitez pas à nous contacter, si l'envie vous vient de nous faire tourner on retient votre candidature. Bref à court terme et long terme : Du live , du live et encore du live.

TOKI : Moi je trouve que les Rolling Stones sont un peu vieux, j'aimerai bien les remplacer !!! En tout cas pour l'instant on commence à travailler sur ce qui devrait être un album, donc ça, c'est notre priorité en ce moment.

Par principe nous finirons sur le nombre 13 (NDHamster : Metalchroniques ?? Principes ??? Ah ?! Et quand on sera 27 à la rédac au lieu de 13 à ce jour, feras tu subir 27 questions aux groupes ouarf ouarf...).
Avez-vous quelque chose à rajouter pour votre défense et auriez vous souhaité que je vous pose une autre question qui vous tiendrait à cour ? ( le cas échéant, merci de donner la réponse avec :p )
TOKI : Bah, à ceux qui nous connaissent pas, si on a éveillé votre curiosité , lâchez-vous !! Sinon merci à toi et aux gens qui nous supportent comme ils peuvent et les assos qui nous ont fait tourner !!
NICO : Merci Rano de nous avoir permis de nous exprimer, merci à tous ceux qui continuent de faire vivre le métal.


© Sylvie DeAlmeida