Life Of Agony

Breed 77 + Fony
http://www.breed77.net  / http://www.fonymusic.com

09 novembre 2003

Astoria - Londres / Angleterre

 

Météo :
Crachin londonien
Taux de remplissage :
Vide pour Fony, rempli pour Breed 77, blindé pour L.O.A
Son : De mieux en mieux au fil des groupes.

Lights : : Efficaces sans plus
Ambiance : Aucune pour Fony, réceptive pour Breed 77 et digne d'un pit hardcore de Brooklyn pour L.O.A
Moment fort : Tout le concert de L.O.A et surtout les morceaux extraits de River Runs Red et Ugly. Accessoirement, les Whoppers du Burger King.

Set list L.O.A.
- River Runs Red
- This Time
- Other Side of The River
- Weeds
- I Regret
- Seasons
- Hope
- How it Would Be
- Bad Seed
- My Eyes
- Lost at 22
- Heroin Dreams
- Let's Pretend ( acoustique )
- Plexiglass Gate ( intro )
- Through and Through
- Method of Groove
- Underground

Photos
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Le live report : Il va bien falloir se résoudre à accepter que le tourneur de Life of Agony n'aime pas la France. Certes, quelques-uns d'entre nous avaient pu les voir en première partie de Pantera il y a quelques années mais il ne s'agissait pas du vrai L.O.A, alors amputé de deux des membres originaux du groupe dont l'irremplaçable chanteur Keith Caputo. La dernier passage en France du groupe avec son line-up d'origine remonte probablement à 93 ou 94, à l'occasion du premier album, les dates ultérieures ayant toutes été annulées…
Sachant qu'il s'agissait ici de la tournée de réunification officielle et que le groupe va passer l'année 2004 à sillonner les Etats-Unis, enregistrer un nouvel album et participer à quelques festivals éparts en Europe, on peut se douter que nous ne sommes toujours pas prêts de les revoir au pays des fromages qui puent. Impensable donc pour tout fan qui se respecte de louper la dernière date de cette tournée historique, dans une salle réputée de Londres de surcroît.
Mais peu importe le coût prohibitif de ce week-end, les atterrissages kamikazes d'Easyjet et l'hôtel miteux de Paddington… Ce concert valait tout l'or du monde.
9 Novembre, 18h30, Tottenham Court Road, Londres. La foule est massée à l'entrée de L'Astoria et on peut déjà sentir l'ambiance monter parmi les fans arborant fièrement les t-shirts, bonnets, sweat-shirts et autres maillots de hockey à l'effigie de leur groupe adulé dont ils ont été sevrés pendant plus de 6 ans

Plusieurs Brits m'interpellent d'ailleurs, jaloux de ce fameux maillot de hockey tellement collector et prisé des aficionados. Quand les portes s'ouvrent, c'est la cohue et le service d'ordre est un peu largué face à l'indiscipline de la foule. Un peu largué aussi avec les réservations de billets sur Internet… A savoir, une demie-heure d'attente pour que notre commande soit finalement retrouvée in-extremis alors qu'on allait finir à la porte, limite comme des malpropres. Ce petit incident passé, nous pouvons enfin pénétrer dans l'antre de l'Astoria.
Surprise, la salle n'est pas très grande, comparable à un petit Bataclan, plus large et moins profond, avec cependant un balcon sympa. Mais où sont passés tous ces gens qui se bousculaient à l'entrée ? Probablement au bar, en train d'enchaîner les pintes de houblon distillé !

Une bonne demie-heure s'écoule encore et le premier groupe ' hits the stage '. Les 5 minots de Fony viennent d'Angleterre et pratiquent un emocore à la mode teinté de quelques riffs heavy-metal. Le son est mauvais, la performance scénique animée mais désordonnée et le public ne s'y trompe pas, préférant rester dehors à se biturer la gueule. Seuls quelques emokids apparemment fans se risquent à esquisser de petits circle-pits et quelques badauds polis ( dont nous ) observent l'air curieux depuis le fond de la salle.
Malgré les encouragements du chanteur, l'ambiance ne décollera pas et Fony quitte la scène après une demie-heure de set, un peu penauds les gamins ! Dommage tout de même car en toute honnêteté, leur musique n'est pas si mal dans le genre et elle devrait ravir les amateurs d'emocore, du moins sur CD et surtout pas en live dans de telles circonstances d'impatience de la part du public qui soyons francs, n'en avait rien à foutre de leur prestation…

Encore une bonne demie-heure de réglages techniques et c'est au tour de Breed 77 de s'y coller. Jouissant d'une bonne réputation, le quintet Anglais originaire de Gibraltar bénéficie d'une foule nettement plus dense et d'un accueil plus chaleureux. Sans non plus déclencher l'hystérie collective, les 30 minutes de set du groupe vont, petit à petit, convaincre la salle au point de déclencher de longs applaudissements ainsi que les prémices de ce que sera la fosse quelques instants plus tard… Musicalement au confluent du néo, du métal mélodico-atmosphérique ainsi que du rock et du folklore oriental, Breed 77 prouvent qu'ils sont une valeur montante de la scène, faisant preuve d'une grande diversité dans leurs compositions ainsi que d'une présence scénique irréprochable et d'une maîtrise technique très surprenante ( les jeu des guitaristes sur leurs guitares acoustiques mérite une mention spéciale ). Seul petit bémol, le chanteur joue parfois du djembé et a tendance à insister sur les ' un, dos, tres, quatro ! ', ce qui agace un peu tant ce cliché Sepulturien est éculé. Connaissant cependant les origines méditerranéennes du groupe, on leur pardonne plus facilement ce gimmick.
Groupe à découvrir absolument pour les personnes ouvertes d'esprit donc !

Et c'est reparti pour une interminable attente jusqu'au moment ou, l'air stressé des roadies à l'appui, on comprend que le moment tant attendu est imminent. Les lumières s'éteignent, à l'exception du projecteur qui illumine le logo de L.O.A en toile de fond et la sono crache l'intro du concert. Bruits inquiétants mêlés à des extraits des interludes Monday Thursday et Friday, les veines vont bientôt s'ouvrir… Les 4 New-Yorkais sont acclamés à leur entrée sur scène et ça commence déjà à slammer et bouger dans tous les sens alors qu'aucune note n'a encore résonnée.
' I've got the razor at my wrist 'coz I can't resist ' … On ne pouvait rêver meilleure entrée en matière que ce River Runs Red toujours aussi apocalyptique. Le son est bien meilleur que pour les premières parties et dans la fosse c'est une véritable boucherie, il n'y pas un seul endroit paisible.
Les tubes s'enchaînent, This Time déclenche les premiers mouvements de violent dancing propres au public hardcore qui constitue toujours une bonne partie de la fanbase du groupe, qui pratique pourtant une musique inclassable bien qu'inspirée fortement par le hardcore-metal. S'en suit un Other Side of the River toujours aussi pachydermique et mélodique, permettant à Keith de démontrer à quel point il est un chanteur d'exception. Weeds, plus mélodique permet de souffler un peu, à part pendant le refrain sous forme de mosh-part qui déclenche encore des mouvement de foule impressionnants. I Regret et sa rythmique effrénée entraîne à nouveau un chaos monstre et totalement incontrôlable. Même des titres un peu plus tendres tels que Hope ou How It Would Be ne parviennent pas à calmer les ardeurs du public qui a décidé de pogoter, slammer, sauter, mouliner, kicker à tout rompre et sans discontinuer.
Keith, d'ailleurs, s'en inquiète et demande à nouveau à la foule de faire attention de ne pas se blesser ou pire… ( un fan du groupe est décédé il y a quelques années lors d'un de leurs concerts ). Rien à faire, ça vire même au n'importe quoi par la suite. Une fille montre ses seins à Keith déclenchant l'hilarité du chanteur qui montre sa poitrine en retour.
En parlant de Keith, celui-ci se montre un peu moins épileptique que sur le DVD et il fait preuve d'une présence scénique digne d'un très grand frontman, n'hésitant pas à se frotter au public à plusieurs reprises, sans oublier son passé de bad-boy pour autant : 'Bunch of cunts ' nous dira-t-il au moins dix fois. Alan et Joey sont remontés comme des piles électriques et haranguent la foule sans arrêt. Sal fait la star derrière son kit de batterie et entend son nom scandé par la foule entre deux titres.
Le moment le plus violent du concert arrive alors avec un enchaînement Bad Seed/My Eyes qui transforme les quelques dizaines de mètres carrés de l'Astoria en un Brooklyn Sur Tamise. Les pits se forment définitivement, fini le pogo classique, et il vaut mieux faire gaffe à ne pas se prendre un moulinet mal placé. On assistera même à un 'pile-on' ( qui consiste à ce que tout le monde saute sur un gars tombé par terre, formant une pile humaine ) très hardcore old-school ainsi qu'a un 'wall of death' très viril, surtout pour les non-initiés qui se le prenne dans la cage thoracique :-))
C'est le bordel, le chaos, l'enfer, mais les plus énervés restent cependant attentifs à ne pas blesser les autres spectateurs, ce qui est nettement plus rare dans de tels concerts en France…
Heroin Dreams et Let's Pretend ( interprété par Keith seul à la guitare acoustique ) détendent un peu l'atmosphère même si la foule trouve quand même le moyen de rester particulièrement indisciplinée pendant ces deux titres plus calmes.
Puis vient le moment de la salve finale, un rappel sans en être un puisque le groupe est sorti de scène le temps de laisser Keith interpréter sa balade seul sur scène.
' It's time for some chaos now ' dit Alan en revenant sur les planches. On ne peut que lui donner raison : Plexiglass Gate, Through and Through et Method of Groove vont permettre aux plus sanguinaires de la soirée d'assouvir leurs dernières pulsions meurtrières. Etonnant d'ailleurs de constater que le public à toujours autant d'énergie à dépenser après une heure et quart de mosh sauvage.
Underground sera le dernier titre de la soirée, deux des gamins de Fony montent sur scène pour chanter avec L.O.A et tout le monde se met à jouer les choristes en puissance.
Un dernier ' bunch of cunts ' de la part de Keith, une promesse de revenir l'année prochaine, une dernière déclaration d'amour de la part de tout le groupe et nous pouvons enfin quitter la salle, épuisés, dégoulinants de sueur et la tête plein d'émotions intenses… Très intenses…

Life of Agony à toujours été un groupe à part et exceptionnel à sa manière ; ils l'ont encore démontré ce soir là. Sur scène, l'émotion, l'énergie, le chaos et l'amour sont au rendez-vous. L'interprétation était tout simplement parfaite de la part des 4 membres du groupe, la communion avec le public à son paroxysme. Un des meilleurs concerts auquel j'ai assisté dans toute ma vie.
Comme le disait une banderole confectionnée par des fans au balcon : ' L.O.A ne nous a jamais quittés '. Pourvu qu'ils continuent encore pendant des années, et surtout qu'ils ne nous refassent jamais la mauvaise plaisanterie de splitter, ne serait-ce que pour quelques mois…

' Raise your hands if you understand ! '

P.S : chroniques du double CD live et du DVD toujours en ligne, rubriques 'chroniques' et 'DVDvore.

Rano