Soulfy :
interview avec Max Cavalera - février 2004

Site du groupe
http://www.soulfly.com

Line up
Max Cavalera – chant, guitare, berimbau, cithare
Marc Rizzo (CORETEZ, ex-ILL NINO) - guitare, guitare flamenco
Bobby Burns (ex-PRIMER 55) - basse sur toutes les chansons sauf indication
David Ellefson (ex-MEGADETH) - basse on "Prophecy", "Defeat U", "Mars", "I Believe" (outro only) and "In The Meantime"
Joe Nunez - batterie, percussion

Chronique de
"Prophecy"
[cliquez ici]

distribué en France par Roadrunner

(sortie le 30/03/2004)

Peux tu nous présenter Prophecy ? Qu'y a t-il de différent par rapport aux albums précédents ?
Max : la principale différence je pense que c'est ce qu'il s'est passé entre les précédents albums de Soulfy. C'est une évolution, sans diluer notre personnalité. Prophecy est va au delà de tout ce que nous avions fait auparavant, avec des chansons très puissantes, très fortes. Cet album est comme un voyage dans différents endroits.

Et comment le décrirais tu en quelques mots, que représente cet album pour toi ?
Je pense que chaque album de Soulfy est vraiment différent, ils ont tous été faits différement, je n'ai pas utilisé à chaque fois la même recette. J'ai toujours voulu essayer de faire un album qui ne te fasse pas penser que ça sonne simplement comme le précédent. Ce qu'il y a dans Prophecy tu ne dois l'avoir jamais entendu de la part de Max (rires). C'est un peu comme Led Zeppelin, le groupe estimait qu'il ne devait jamais se répéter et aller toujours de l'avant. Pour moi Prophecy c'est cela.

Les fans vont être surpris, le line up à changé, peux tu expliquer ce désir de ne pas avoir un line up stable ?
En fait c'est depuis les débuts de Soulfly, le line up a toujours été différent, je pense que cela permet de pas être dans un groupe ennuyeux, de garder une certaine fraîcheur. Je sais que parfois c'est douloureux ou étrange mais depuis des années le line up à complètement changé et je suis convaincu que je ne peux pas faire autrement. C'est nécessaire de faire ce type de sacrifice pour que la musique reste bonne, et la musique doit rester bonne à tout prix (rires).

Donc on peut présumer que tu vas sacrifier encore des musiciens pour le prochain album ?
Cela se pourrait bien, je ne veux pas le faire et je n'ai pas ça à priori… mais autant être vraiment honnête, je ne vais pas raconter de conneries, disons que si un problème avec un des musiciens doit interférer avec la musique, je n'hésiterais pas à la faire.

Parlons un peu du nouveau guitariste, Mark Rizzo (ex Ill Nino), il a apporté beaucoup de choses, dont ces emprunts au flamenco, c'est une des raisons qui expliquent qui tu as fait appel à lui ?
Oui, nous avons commencé à répéter ensemble en prévision de l'écriture de l'album, nous avons travaillé sur des chansons puissantes comme " Prophecy " ou " Execution style ", des chansons classiques qui sonnent vraiment heavy. Et un jour alors que j'entrais dans studio je l'entends jouer, j'étais surpris et je lui ai dit " hey mec qu'est ceque tu est en train de jouer là ? Le flamenco est un des mes styles de musique favori, pourquoi tu ne m'as rien dit ???!!! " (rires). Et je lui ai tout de suite proposé d'intégré des passages flamenco dans l'album, tu sais c'est vraiment un style unique, et j'étais vraiment fier et heureux que cela soit dans l'album. Je pense que c'est justement ce genre de surprise qu'il doit y avoir dans Soulfy. Un groupe puissant qui peut jouer avec Slayer, et nous l'avons fait d'ailleurs, tout en proposant des passages complètement surprenant.

Et il y a un morceau surprenant dans l'album, après un première partie très agressive on tombe sur un morceau de… reggae ni plus ni moins… C'est après coup moins surprenant quand on sait que apprécies beaucoup Bob Marley…
Oui (rires). Disons que les gens qui apprécient Soulfy doivent plutôt se demander " il va faire ce genre de chanson, mais quand " (rires). C'est la chanson la plus longue, je pense que l'idée est venue de l'album précédent avec la chanson " tree of pain " qui était très bonne, elle permettait en étant au centre de l'album de le scinder en deux parties, et j'aimais beaucoup cette idée là. Si je l'avais placé ailleurs qu'au centre de l'album cela n'aurait pas fonctionné.

Il y a une autre surprise, le groupe serbe qui apparaît dans l'album…
Je crois que l'idée vient de loin, cela date de Sepultura, on voyageait beaucoup et on cherchait d'autres influences d'autres musiques. Et le choix de ce groupe d'Europe centrale est un bon choix, car personne ne connaît vraiment la musique qui est jouée dans cette région du monde. Et je trouvais vraiment génial d'inclure cette musique dans mon album, et j'ai trouvé ce groupe tzigane avec qui j'ai enregistré, et également avec un professeur de musique de Belgrade qui conserve des instruments du moyen age, des instruments des balkans. Ils m'ont donné un sentiment intemporel avec leurs instruments, et c'était tout simplement surprenant pour moi aussi parce que je ne m'attendais pas à cela au départ quand j'ai commencé à travailler sur le nouvel album.
Et aussi à la fin, c'était complètement fou, " march over river Drina ", est un vieux morceau qui date de la guerre qui se termine avec les instruments tziganes. J'avais entendu la cover qu'en avait fait Laibach sur leur album NATO. J'aimais bien et je trouvais que un bon choix de reprendre cette chanson dans l'album. Et puis avec les musiciens tziganes c'était complètement dingue, une sorte d'expédition pour National Geographic. Parfois je ne me sentais plus comme un musicien mais comme un explorateur.

A propos de musiciens tziganes, tu suscites des vocations, tu connais le groupe Ektomorf ?
Non, pas du tout…

Le chanteur Zoltan m'a dit dans une interview que tu était son artiste favori, ils jouent un style de musique qui rappelle ce que faisait Sepultura quand "Roots " est sorti tout en y incorporant de la musique tzigane. En Allemagne tout le monde les appelle les nouveaux Sepultura.
Ok, c'est un bon compliment au fond et c'est toujours flatteur de voir des groupes émerger et se réclamer de ce qu'on a pu faire.

Tu as changé d'avis ou pas au sujet de la production ? Tu disais que tu ne produirais pas de groupes, même si tu l'avais fait pour un groupe Argentin, Aenima.
Ce n'est pas que je refuse de produire un groupe. Il faut simplement que je trouve un groupe qui me plaise au point que j'oublie qu'à priori je n'aime pas trop la production. Honnêtement je n'aime pas trop cela, même pour moi, parce que c'est un peu inconfortable. Parce que tu vois le producteur est bien calé dans une chaise en train de fumer toutes sortes de choses (rires), et je moi dois aussi m'occuper des autres aspects. Je n'aime pas me trouver des deux côtés de la barrière, je préfère me dire que je suis le coach d'une équipe. A l'avenir j'essaierais quand même de produire un groupe, je le choisirais en fonction de ce que j'en aurais écouté. Je n'aime pas ça mais je voudrais le faire.
Pour Prophecy j'estimais que c'étais la meilleure chose à faire que je le produise, je n'avais vraiment pas envie que quelqu'un entre dans le studio et dénature d'une façon ou d'une autre tout le travail qui avait été fait et la vision que j'avais de l'album. Mais à l'avenir je pense que j'enverrais 3 ou 4 chansons à quelqu'un que j'aimerais voir à la production, pour qu'il amène ces chansons dans une voie différente, un peu comme nous le faisions avec Sepultura. Quand nous écrivions quelque chose et qui sonnait complètement différemment après.
A l'avenir je retravaillerais avec un producteur mais je suis vraiment satisfait de m'en être sorti avec Prophecy, c'est une expérience que je voulais tenter malgré mes réticences. Je pense qu'on s'en est tenu aux idées que nous avions au départ. En fait c'est aussi un des changements avec Soulfy nous avons changé à chaque fois de producteur, de studio, du coup on est expérimentés, on peut avoir un brésilien, un autre spécialisé dans la world et un autre complètement dingue spécialisé dans le hardcore (rires). C'est quelque chose qui peut être cool.

Après 7 ans d'existence, crois tu que les gens on accepté que Soulfy bien est un groupe qui fait vraiment partie intégrante de la scène metal ou qu'il n'est qu'une parenthèse ?
Ecoute je pense que c'est vraiment différent des débuts avec Soulfly, malgré les changements de line up. Les fans soutiennent vraiment le groupe quoi que nous fassions, comme si la musique que nous faisons était une sorte de cadeau pour eux, et je souhaite que cela continue d'ailleurs. Et c'est vraiment spécial, d'ailleurs nous avons joué avec le nouveau line up à Los Angeles et c'était une sorte de test avec le public, et c'était vraiment l'un des meilleurs que nous ayons fait.

Ce n'est pas étrange parfois cette attitude des fans ?
Oui, tu sais c'est étrange mais j'ai aussi appris beaucoup avec Soulfly, et puis nous prenons plus de risques que nombre de groupes qui d'album en album ne change pas leur son d'un iota. Pour moi Soulfly est plus proche d'un groupe qui n'a peur de rien (rires), comme les punks, on y va avec notre cœur, et on va de l'avant sans regarder en arrière.

Comme la chanson punk " porrada "
Oui, c'est l'une de mes favorites, elle m'a ramené au bon vieux temps du hardcore. C'est comme un trip de retour vers le Brésil, vers la chanson des Ratos de Porao, " Policia "…

Justement elle ressemble à " Policia "
Oui c'est vrai, c'était l'idée en faisant une chanson hardcore qui soit cool, et quand nous l'avons écrite, c'était après avoir composé " Execution style " qui est plus dans le style de Septultura ou Nailbomb…

Période Chaos Ad alors...
Oui cette cette période là, alors après nous voulions une autre chanson rapide mais moins métallique, et surtout pas plus de 3 cordes (rires). Et le texte est inspiré par le film " City of god ", un film brésilien vraiment hardcore et complètement dingue avec des mômes de 10 ans qui flinguent des gens… Une histoire inspirée par la vie au Brésil.

Le temps passe vite, et il faut déjà que Max donne le mot de la fin
" Merci beaucoup ", j'espère vous voir à partir de fin avril en France et à travers l'Europe

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